Petit Lapin
Par une belle matinée ensoleillée, Petit Lapin décida de sortir de sa tanière pour se dégourdir les pattes. Bien sûr, papa et maman Lapin lui avaient formellement interdit de parler aux inconnus et d'accepter quoi que ce soit d'eux, notamment des bonbons.
Petit Lapin connaissait parfaitement ces règles et eut donc l’autorisation de sortir, sans s'éloigner trop loin bien sûr. « Surtout, Petit Lapin, ne dépasse pas la maison de Mr. Hérisson ! » dit son papa pendant que Petit Lapin laçait ses nouvelles chaussures. « Entendu, papa », répondit Petit Lapin en fermant la porte de la maison.
Et le voilà parti sur le sentier qui longeait la lisière de la forêt. Il aimait renifler l’air frais du matin. Petit Lapin décida de cueillir quelques fleurs pour que maman Lapin les mette dans un vase. Quand soudain, il entendit quelqu’un crier. « Aïe, aïe, mon dos », cria une vieille dame.
Surtout, ne pas répondre, se dit Petit Lapin, règle numéro 1 des parents. Il décida de continuer sa cueillette de pâquerettes. « Hé, Petit Lapin, tu ne vas pas venir m’aider ? Je me suis fait mal au dos, et mon panier de carottes est tombé », dit la vieille dame, « viens m’aider à le ramasser, s'il te plaît ».
« Désolé madame, je ne peux pas parler aux gens que je ne connais pas », dit Petit Lapin. « Pourtant, tu viens de le faire », dit la vieille dame. « Aller, viens m’aider et je te récompenserai. Tu n’as pas peur d’une vieille dame quand même ? »
De nombreuses pensées se bousculaient dans la tête de Petit Lapin. Et la première était la règle des parents, l'interdiction de parler aux inconnus et d’accepter quoi que ce soit d’eux. Mais d’un autre côté, une vieille dame qui a mal au dos, ce n’est pas dangereux ? Et puis, Petit Lapin avait bien vu le panier rempli de carottes. Peut-être que s’il l’aidait, une belle carotte serait sa récompense ?
« Dépêche-toi, viens m’aider ». L’idée de la récompense fut la plus forte. Il déposa son bouquet de fleurs par terre, aida la vieille dame à se redresser et ramassa son panier de carottes. « Merci beaucoup », dit la vieille dame. « Pour te récompenser, voici une belle carotte… ». « Merci beaucoup, madame », répondit Petit Lapin. Il prit la carotte, ramassa le bouquet de sa maman, et reprit son chemin en direction de sa maison.
La vieille dame, elle, avait repris son chemin en direction de la maison de Mr. Hérisson. Petit Lapin ne pouvait pas attendre d’être chez lui pour manger cette belle carotte, sinon, papa l’aurait sûrement disputé très fort. Assis sur une grosse pierre, il dégusta sa friandise. Mais tout à coup, il se sentit bizarre et tomba net de la pierre, endormi.
Lorsque Petit Lapin se réveilla, il appela : « Papa, Maman, c’est vous ? Je suis à la maison ? » Une drôle de voix se fit entendre. « Tu es bien dans UNE maison, mais pas de papa ni de maman ici ». Pris de panique, Petit Lapin se releva d’un bond et se cogna la tête. Il était enfermé dans une cage en fer.
« Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Pourquoi je suis là ? » « Oula, tu en poses des questions ». « Regarde autour de toi, tu comprendras », rigola Mr. Renard. En voyant la tête du renard, Petit Lapin avait compris. Il allait servir de déjeuner, mais comment était-il arrivé ici ?
Le renard, qui aimait partager ses ruses, lui expliqua en attendant que l’eau bouille et que cela passe le temps. « Pour appâter les petits sots comme toi, rien de plus facile. Il faut que ma cible se sente en sécurité. Premièrement : se déguiser en quelqu’un de fragile, une vieille dame, c’est parfait, non ? Deuxièmement : se blesser, c’est bien ? Pour avoir un peu de pitié, non ? Et rajouter un peu de fragilité à mon personnage. Troisièmement : UNE récompense », ricana le renard. « Récompense empoisonnée pour que ma proie s’endorme et que je la ramasse pour la manger ».
Petit Lapin pleura. Il repensa aux règles de ses parents. « Pourquoi je n’ai pas écouté », pleura Petit Lapin, « maintenant je vais me faire manger, tout ça pour avoir voulu manger une carotte… ». « Pleure moins fort, sinon tu vas être trop salé au goût ». Petit Lapin essuya ses larmes. Agir, il fallait agir. Un lapin, ça a de bonnes dents.
Il sauta sur un barreau et tenta de le ronger. « Si tu veux te faire les dents… à ta guise. Mais même avec de bonnes dents, tu ne pourras pas couper du fer ». « Tu ne sortiras de ta cage que pour me remplir le ventre, ahahahahaha », dit le renard. La ruse, mais oui, la ruse allait le sortir de ce mauvais pas. Dans un premier temps, gagner du TEMPS. « Monsieur renard, je suis bien maigre pour être mangé. Une soupe d’os, ce n’est pas terrible ? » « Quoi, dit le renard ? C’est vrai, tu n’es pas très gros, mais ce n’est pas grave. J’ai trop faim ».
« Pourtant, monsieur renard, vous qui êtes très rusé et très intelligent, vous ne savez pas qu’un lapin grossit très vite en mangeant beaucoup de carottes ? » Monsieur Renard, flatté, lui répondit : « Bien sûr que si, je le sais. Tu as raison, grossis un peu, comme ça j’aurai plusieurs repas d’avance ». Le renard alla chercher dans son jardin ses plus belles carottes. Pendant ce temps, dans la cage, Petit Lapin réfléchissait. Comment sortir d’une cage en fer ? Sur les côtés, impossible, des barreaux, et la porte est fermée. Par le dessus, impossible, des barreaux.
Par le sol ? Mais oui, par le sol, il n’y a aucun barreau. Un lapin, ça creuse, allez hop c’est parti. À peine Petit Lapin avait donné quelques coups de griffes pour creuser que le renard était rentré. « Tiens, mange, et n’hésite pas sur les quantités », lui dit le renard. « Je vais faire une sieste en attendant que ton ventre gonfle… Je ne vais pas pouvoir creuser, se dit Petit Lapin, le bruit va le faire venir ? »
Et voilà que le Petit Lapin se remit à sangloter, ce qui fit venir un petit oiseau sur le bord de la fenêtre juste au-dessus de la cage. « Pourquoi pleures-tu, Petit Lapin ? » demanda Mr. Rouge-gorge. « Tu le vois bien, je suis enfermé dans le repaire du renard pour être mangé ». « Peut-être que je peux t’aider ? ». Petit Lapin réfléchit, et une idée lui vint à l’esprit. « Oui, je sais ce que tu peux faire… ».
Après que Petit Lapin lui ait expliqué son projet d’évasion, le petit oiseau s’en alla. Quelques minutes plus tard, Mr. Rouge-gorge revint sur le bord de la fenêtre et lui dit : « C’est bon, il est d'accord. Par contre, il va falloir que tu fasses du bruit ». Du bruit sans éveiller les soupçons du renard, pas facile, pensa Petit Lapin. Il se mit à danser dans sa cage. Il faisait tellement de bruit que cela ne réveilla pas le renard, pas très content d’ailleurs.
« Arrête tout ce bruit, cela ne te sauvera pas. Personne ne viendra t’aider ». « Non, monsieur renard, je danse pour la digestion. Une bonne digestion me fera avoir un gros ventre, et faire du sport, c’est bon pour la santé ». « Hmm, oui, je sais tout ça, mais n’essayerais-tu pas de me tromper ? » « Heu, non ?? Comment le pourrais-je ? Vous êtes le plus rusé et le plus intelligent des animaux ». « Oui, en effet, et ce n’est pas un petit lapin qui pourrait tromper un renard, hahahahaahaha ». « Danse aussi longtemps que tu veux en mangeant de belles carottes. Humm, je vais me régaler… ».
La nuit était tombée sur la maison du renard, et le Petit Lapin continuait de danser en tapant fortement ses pattes sur le sol. « Bon, il est temps d’arrêter. Va te coucher ». « Non », lui répondit Petit Lapin, « je continue. Comme ça, demain matin, vous pourrez me déguster. Une nuit de danse en mangeant des carottes, au petit matin, je serai énorme ». Le renard s’en léchait d’avance les babines. « Entendu, je mets du coton dans mes oreilles pour ne pas t’entendre ».
Monsieur renard s’endormit très vite, rêvant de soupe de lapin, de lapin rôti. Le soleil brillait depuis longtemps déjà quand monsieur renard se leva. Il se dirigea directement dans la cuisine pour faire bouillir de l’eau pour sa soupe de lapin. « Bonjour, Petit Lapin, tu as bien dansé cette nuit, j’espère. Tu dois être énorme ? » demanda le renard. Aucune réponse. Il reposa sa question, mais rien, aucun bruit. Inquiet, il alla voir. Ne voyant pas le Petit Lapin à travers les barreaux, il ouvrit la porte de la cage.
Mais à sa grande surprise, derrière la petite montagne de carottes, un énorme trou dans le sol. Furieux, il se précipita dans le trou à la poursuite de Petit Lapin. Mais à l’autre bout, les loups policiers l’attendaient, Petit Lapin à leur côté… « GRRRRRRRR comment as-tu fais pour creuser aussi vite et me tromper, maudit lapin ? » Petit Lapin ricana et lui expliqua : Comment faire pour tromper un renard ? Le prendre à son propre jeu. « Premièrement : gagner du temps pour pouvoir réfléchir. Deuxièmement : flatter le renard, lui dire que c’est lui le plus intelligent le plus rusé !
Troisièmement : la récompense, un lapin bien gras, un renard ne peut résister ? Bien sûr, lui faire croire que l’idée vient de lui, chose pas très difficile, car comment un petit lapin pourrait être plus rusé que le renard ? « GRRRRR j’ai compris tu as flatté mon intelligence, mais comment as-tu creusé ce tunnel aussi vite ? » « Facile, j’ai demandé de l’aide à Mr. Rouge-gorge, qui a demandé à Mr. Taupe de bien vouloir creuser une galerie pour me faire sortir de la cage. Et pour camoufler le bruit que faisait Mr. Taupe en creusant, je dansais. Une taupe creuse très vite, vous savez, monsieur renard ? » « GRRRR je sais, je les chasse souvent de mon jardin… » « Vous n’allez plus chasser pendant un bout de temps », dit Mr. Loup, chef de la police, qui l’emmena dans la camionnette de police.
De retour à la maison, Petit Lapin fut gravement disputé par ses parents. Il avait désobéi à une des règles les plus importantes. Mais papa et maman étaient quand même fiers de lui, un petit lapin qui ruse un renard ça n’arrive pas souvent.
Bonne nuit

